Jeudi, nous passons la frontière Chili-Argentine et traçons vers Ushuaia 300km plus au sud. La route sur les 100 derniers km, entre Tolhuin et Ushuaia, nous fait entrer dans les montagnes, et la route est superbe ! Nous arrivons à Ushuaïa vers 22h, avec le coucher de soleil, la lumière rasante nous donne de superbes paysages. Je ne peux pas résister à vous citer Jeanne devant ces paysages : « on a l’impression que la nature fait tout pour nous éblouir ! ». Sans commentaire…
Nous nous posons pour la nuit face à Ushuaia : la ville est coincée entre les montagnes (les 1ères stations de ski sont à quelques mn d’Ushuaia) et la mer (le canal Beagle). Les maisons sont assez colorées. Le tout – en sachant que nous sommes à 90km du Cap Horn, dans la ville la plus au sud du monde – rend ce moment vraiment magique… Ushuaia marque une rencontre inouïe : celle des 2 géants que sont les Andes et l’océan Antarctique…
Nous passons le vendredi à Ushuaia, entre musées et shopping : les enfants auront leur T-shirt « Fin del mundo ! ». Et samedi, nous allons nous promener au-dessus de la ville, dans les montagnes qui abritent le glacier Martial, avec nos amies cyclistes Catherine et Gwen, que nous avons retrouvées à Ushuaia.
Un peu d’histoire sur les peuples indigènes de Terre de Feu :
Ici aussi les peuples indigènes se partageaient entre peuples sédentaires et peuples nomades des canoës.
Les peuples indigènes des canoës chassaient les lions de mer, qui leur procuraient une viande riche en gras et en calories, ainsi que l’huile dont ils se recouvraient le corps, et les os dont ils faisaient des armes et outils. Les femmes, elles, ramassaient des coquillages, et pagayaient pendant que les hommes chassaient au harpon. Les enfants entretenaient le feu dans le canoë.
Parmi les cérémonies de ces peuples, une était particulièrement importante : le HAIN, qui était un rite de passage à l’âge adulte pour les garçons. Les garçons se peignaient le corps et portaient des masques. Aujourd’hui, on retrouve des effigies à leurs images dans les différentes villes, seul « rappel » des indigènes qui peuplaient cette terre.
La Terre de feu comptait 3000 Yanghas avant l’arrivée des Européens, 10 ans après les 2/3 étaient morts, et en 1980 on ne comptait plus que 2 indigènes en Terre de Feu. Les causes sont diverses, mais on peut citer les maladies apportées par les Européens, et les « tueurs à gages » engagés par les Européens - qui voulaient établir des estancias pour élever des moutons - pour « débarrasser » les terres des indigènes.
Un peu d’histoire sur Ushuaia :
En 1870, des missionnaires britanniques s’intéressent à ces peuples indigènes et établirent une mission qui deviendra plus tard Ushuaia. De 1884 à 1947, Ushuaia fut transformé en bagne. L’idée, comme cela a pu être fait en Nouvelle-Calédonie, en Guyane ou en Australie, était de s’implanter dans ce lieu en envoyant des gens qui n’ont pas le choix : des bagnards. Plus tard, ils ont été rejoints par d’autres, et ces dernières années ce sont les salaires attractifs de Terre de Feu qui ont fait augmenter la population d’Ushuaia, qui se compte aujourd’hui à 60.000 habitants.
La ville vit des raffineries de pétrole et du négoce portuaire (des containers sont empilés autour du port) ; mais également du tourisme : on y croise beaucoup de randonneurs, mais également des touristes en croisière, en partance par exemple pour l’Antarctique (pour la saison 2014-2015, 40.000 personnes ont transitées par Ushuaia pour aller en Antarctique !). Dans le port, tous les jours, on voit 1 ou 2 nouveaux bateaux de croisière, dont certains gigantesques.
Samedi fut pour nous une journée spéciale, puisque Martin fêtait ses 10 ans ! Il rêvait de fêter cet anniversaire spécial à Ushuaia, et il l’a fait ! Et il l’a bien fêté. Alors encore un grand merci pour :
- Les cadeaux et enveloppes confiés en France avant notre départ
- Les cadeaux achetés à distance
- Les dessins et cartes envoyés par internet
- Les petits mots des copains en tour d’Amérique du sud
- …
Il a passé sa matinée au téléphone, a été gâté par sa sœur et ses parents, et le soir nous sommes allés manger son plat préféré de ce côté-ci du monde : un asado (barbecue) d’agneau pour lequel les Argentins sont les rois ! Puis dessert dans un resto-boulangerie dont le pâtissier est français … Au moment de l’apporter, les serveurs ont éteint la lumière et chanté « cumpleanos feliz » pour le plus grand bonheur de notre garçon. Un grand jour pour nous tous !
Dimanche, nous nous réveillons … sous les flocons de neige, un peu surpris. Nous décidons de reporter un peu notre départ dans le parc de la Terre de feu en attendant que le temps s’arrange et retournons dans ce resto-boulangerie, pour re-manger baguettes et autres pains au chocolat, après 4 mois d’abstinence…
En début d’après-midi, nous partons au Parc de Terre de Feu, 12km à l’ouest d’Ushuaia. Pendant 2 jours, nous randonnerons dans les forêts et les montagnes qui surplombent le canal Beagle. Le paysage est essentiellement de forêts et de tourbières.
Cela nous servira aussi d’entraînement pour les prochaines semaines, car nous serons dans les montagnes d’ici quelques jours, et il y a de splendides randonnées à faire au Chili et en Argentine.
Lors de nos randos, nous croisons des barrages de castors. Pour la petite histoire, des castors canadiens ont été introduits en 1946 en Terre de feu, l’idée étant de pouvoir utiliser leurs fourrures pour faire entre autres des toques. Sauf que la mode des toques est un peu passée, et en l’absence de prédateurs, des 25 couples de 1946, nous sommes passés à 100.000 couples ! Je vous laisse imaginer l’impact sur les forêts du coin …
Nous partons absolument ravis de notre séjour à Ushuaia ! Certains disent que ça ne vaut pas le coup de faire tous ces kms, nous l’avions beaucoup lu et entendu, pour nous, ce n’est clairement pas le cas. Entre les paysages, la symbolique du « bout du monde » et ce que nous y avons vécu, ça vaut définitivement le coup !
La prochaine étape est Tolhuin, au bord du lac Fagnano, très joli :
Puis nous passons de nouveau la frontière, pour repasser temporairement (un peu plus de 100km) au Chili, afin de pouvoir quitter la Terre de Feu.
Demain nous la quitterons, comme nous y étions entrés : par ferry, mais par le nord cette fois-ci.
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